Rétrospective 2013: les difficiles débuts de l’ère post-Chavez au Venezuela
La mort de Hugo Chavez en mars 2013 a ouvert une période d’incertitudes pour le Venezuela, mais aussi pour l’ensemble du sous continent que ce dernier a tenté, au cours de ses quatorze années de pouvoir, de réorganiser dans une logique bolivarienne.
Les élections contestées qui ont porté Nicolas Maduro au pouvoir avec 50,66% contre 49,07% des voix pour Henrique Capriles ont constitué la première étape de la difficile tâche de transition et de préservation de l’héritage chaviste. Elles ont également traduit une division plus importante au sein de la société vénézuélienne avec une remontée de l’opposition de 800 000 voix par rapport aux élections d’octobre 2012. S’il conserve partiellement le capital électoral de H. Chavez, N. Maduro va devoir au cours de l’année 2014 asseoir son pouvoir et sa légitimité. Il a en ce sens appliqué la « mano dura » qu’il avait promis lors de sa campagne : les partis d’opposition ont reporté de nombreuses agressions de groupes armés ainsi que des arrestations. Il avait de même demandé expressément aux médias après les élections présidentielles de se positionner pour ou contre lui, confortant le clivage pro et anti-Chavez qui divise le pays. Les élections municipales de décembre 2013 aux allures de plébiscite ont partiellement conforté son pouvoir. L’opposition contrôle néanmoins les grandes villes comme Caracas ou Maracaibo, contraignant le Président Maduro à organiser un dialogue inédit avec des élus de l’opposition.
Continuité ou renouveau du chavisme ?
Le legs discuté de H. Chavez qui se traduit économiquement par une importante inflation (près de 50%), une pénurie des produits alimentaires et d’électricité et une dette de 50% du PIB, tend à remettre en cause les fruits de la « révolution bolivarienne ». Si elle a permis aux plus démunis d’accéder à des biens et services de bases (nourriture, éducation) grâce à une meilleure redistribution des revenus pétroliers, elle n’a pas été la source d’une vraie politique de développement et d’investissements dans l’appareil productif. Les agences de notation Moody’s et Standard and Poor’s ont récemment dégradé la note de la dette ainsi que celle des bons émis par l’entreprise publique de pétrole PDVSA et de la banque centrale. Si les réserves pétrolières du pays écartent la possibilité d’un scénario catastrophe, du fait d’un intérêt continu pour les réserves de la ceinture de l’Orénoque, seules des réformes de fond permettront au pays un redressement économique de long terme. Face à ces différents défis, N. Maduro semble renouer avec les anciennes méthodes : le Parlement a adopté mi-novembre, pour la cinquième fois depuis 1999, une loi octroyant au Président des pouvoirs spéciaux pour une durée d’un an. L’objectif affiché est de lutter contre l’inflation et la corruption, mais il n’est pas à douter que cette pratique, caractéristique de l’ère chaviste, participera à renforcer le pouvoir de N. Maduro.
Autre spécificité de l’exercice du pouvoir chaviste : l’activisme à l’échelle régionale. Alors que l’influence régionale du pays parait de plus en plus fragile comme l’a récemment illustré le retrait du Guatemala de Petrocaribe, un choix devra être fait entre la continuité d’une logique fondée sur la manne pétrolière afin de positionner le Venezuela comme pays leader, parfois au détriment de l’unité régionale, et une coopération réelle.
Derrière une volonté affichée de vaste débat national pour 2014, maintenant les échéances électorales passées, N. Maduro demeure l’héritier plus que le successeur de H. Chavez. La poursuite de sa politique économique et sociale, et des méthodes populistes, faisant fi des revendications accrues d’une partie grandissante du peuple, que l’opposition peine à fédérer, pourrait fragiliser sur le long terme le pays.